Le président de la communauté de Sant’Egidio a commenté sur les médias du Vatican le message du Pape pour la Journée mondiale de la paix: «On n’entend parler que de guerre possible et de paix impossible». Une paix «désarmée et désarmante» est pourtant possible à partir de l’attitude concrète de chaque personne, à travers l’amour, la rencontre et la capacité de dialogue.
«Il faut toujours croire que la paix est possible: c’est la prémisse de tout notre discours.» C’est avec cette conviction que Marco Impagliazzo, président de la communauté de Sant’Egidio et professeur d’histoire contemporaine à l’Université Roma Tre, commente le Message de Léon XIV pour la 59e Journée mondiale de la paix, dans un contexte mondial marqué par ce que le Pape appelle une «troisième guerre mondiale par morceaux».
«La paix est possible»
Pour Marco Impagliazzo, le Pape est «très clair»: avec toute l’Église, il affirme que la paix n’est pas une utopie. Une position à contre-courant d’une culture dominante dans laquelle, déplore-t-il, «nous n’entendons plus parler que de guerre possible et de paix impossible», au point que le conflit semble désormais inévitable. «La guerre a malheureusement conquis les esprits et les cœurs de nombreux dirigeants dans le monde», observe-t-il, soulignant que cette vision s’est élargie «à plusieurs niveaux, jusque dans l’opinion publique». Le message de Léon XIV apparaît dès lors comme «véritablement alternatif au mainstream belliciste de notre temps».
Une paix «désarmée et désarmante»
Selon Impagliazzo, le Successeur de Pierre reprend une intuition déjà exprimée par Jean XXIII: la paix commence par le désarmement des arsenaux, mais aussi des esprits. Il s’agit d’une paix «désarmante, à partir de l’attitude concrète et vivante de chaque personne», fondée sur «l’amour, la rencontre et la capacité de dialogue». Cette attitude personnelle est appelée à devenir aussi celle des États, «dans leurs relations entre eux et avec les peuples». Une perspective exigeante, reconnaît-il, alors que plus de cinquante conflits sont actuellement en cours dans le monde et que, selon les données du SIPRI, les dépenses militaires mondiales ont augmenté de 9,4 % en 2024, atteignant 2,5 % du PIB mondial.
Noël rappelle que la vraie force est celle des désarmés
C’est pourtant de Noël que vient une clé décisive. La naissance de Jésus, «un enfant sans défense qui devient le Sauveur de l’univers», rappelle que «la vraie force n’est pas celle des puissants ou des armés, mais celle des désarmés, comme l’était Jésus». «De lui, nous n’avons jamais entendu de paroles qui ne soient pas désarmantes», souligne-t-il. Des paroles non violentes qui ont façonné l’histoire, en donnant naissance à «une nouvelle culture»: celle de la fraternité universelle, de l’amour et de l’attention aux plus petits, aux derniers et aux exclus. «Relancer ce message est crucial pour notre temps», insiste-t-il.
La perte dramatique du sens de la mémoire
Le message de Léon XIV met également en lumière une autre urgence: la perte du sens de la mémoire, en particulier celle «des grands drames du XXe siècle: les deux guerres mondiales, la Shoah et les autres génocides».
Selon Impagliazzo, ne plus investir dans la mémoire ni dans l’étude de l’histoire conduit à une éducation appauvrie: «On apprend à juger, mais non à comprendre les grandes vicissitudes historiques. L’éducation des jeunes devient plate, sans passé, sans présent et sans avenir.» Un domaine dans lequel, souligne-t-il, l’Église continue d’investir, notamment à travers l’éducation à la paix, «fondamentale et appelée à être encore davantage valorisée».
Le rôle irremplaçable des religions
Enfin, Marco Impagliazzo met en avant le rôle essentiel des religions, explicitement rappelé par le Souverain pontife. Il évoque la rencontre interreligieuse d’Assise en 1986, lorsque Jean-Paul II, dans l’esprit du Concile Vatican II et de Nostra Aetate, a replacé la paix au cœur du message religieux.
Depuis lors, «de grands pas ont été accomplis grâce à la rencontre, au dialogue et à la connaissance réciproque». Aujourd’hui, affirme-t-il, «à tous les niveaux, le dialogue entre les religions fait partie intégrante du message de paix» et touche directement les peuples, en leur transmettant la conviction qu’«il est possible de vivre ensemble en paix». «Nous devons toujours être reconnaissants à Jean-Paul II d’avoir placé ce thème au centre du débat non seulement religieux, mais aussi politique et social mondial», conclut le président de la communauté de Sant’Egidio.
Roberto Paglialonga – Cité du Vatican


















































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