Trois ans après le retour à Dieu de Joseph Ratzinger, Benoît XVI, une célébration eucharistique a été présidée dans la basilique Saint-Pierre pour rendre grâce «pour sa vie et son œuvre en tant que prêtre, théologien, évêque et pape». Dans son homélie, le cardinal Kurt Koch a livré une profonde méditation théologique sur la mort, la vie éternelle et l’amour de Dieu, au cœur de la foi chrétienne.
Rappelant que Benoît XVI est décédé le 31 décembre, dernier jour de l’année civile, le cardinal Koch a souligné la portée symbolique de l’Évangile proclamé ce jour-là, le Prologue de saint Jean: «Au commencement était le Verbe, et le Verbe était auprès de Dieu, et le Verbe était Dieu» (Jn 1,1).
«Il me semble très beau et touchant», a-t-il affirmé, «que la foi chrétienne donne le coup d’envoi d’un commencement totalement nouveau», rappelant que la fin de la vie terrestre «n’est pas du tout la fin, mais un nouveau commencement», l’entrée dans la vie éternelle auprès de Dieu, «et que le dernier jour de la vie terrestre d’une personne est le commencement d’une vie nouvelle, de la vie éternelle avec Dieu».
La mort, blessure de l’amour humain
Le cardinal Koch a ensuite abordé avec gravité le mystère de la mort, soulignant qu’elle ne se réduit pas à un événement biologique. «La mort déchire également la trame de toutes les relations humaines, détruisant ainsi toute promesse et toute espérance», a-t-il rappelé, citant Benoît XVI lui-même: «La mort est aussi toujours la destruction d’un amour, d’une amitié, et c’est vraiment le fait le plus tragique dans l’expérience de la mort».
La mort apparaît ainsi comme «le lieu de l’abandon total et de la solitude absolue, dans la mesure où, en ce lieu, les relations humaines sont également mortes, tout comme l’amour humain», Mais c’est précisément là, a souligné le cardinal, que s’ouvre l’espérance chrétienne, «mais, en ce lieu, c’est précisément l’amour de Dieu, et seulement son amour, qui peut offrir un nouveau départ».
Quand l’amour de Dieu pénètre le royaume de la mort
Le cardinal Koch a souligné que, seule une réalité portant le nom d’“amour” peut nous offrir ce nouveau commencement. Citant une méditation de Benoît XVI devant le Saint Suaire de Turin, il a rappelé cette promesse centrale de la foi: «dans le royaume de la mort, la voix de Dieu a retenti. L’impensable s’est produit: l’Amour a pénétré dans les enfers».
Ce mystère, accompli par le Christ le Samedi saint, s’actualise dans la mort de chaque croyant: «tout comme le Christ est entré dans le royaume de la mort et, par le feu de son amour, a mis du mouvement dans la rigidité de la mort, de même aujourd’hui, il apporte son amour dans la mort de l’homme et brise l’isolement de la mort en introduisant une nouvelle communion, la communion avec Dieu lui-même»
La vie éternelle, fruit de l’amour de Dieu
Au cœur de la pensée de Benoît XVI, le cardinal Koch a mis en lumière une intuition essentielle: «la vie éternelle est la conséquence de l’amour de Dieu pour nous. Cette vérité est déjà inhérente à l’expérience concrète que l’homme fait de l’amour». L’amour humain, a-t-il expliqué, aspire naturellement à l’infini, mais ne peut à lui seul vaincre la mort. «Le penseur français Gabriel Marcel l’a justement souligné: aimer quelqu’un, c’est lui dire qu’il ne mourra pas».
«Seule la communion d’amour avec Dieu peut donner ce que l’amour humain ne peut se donner à lui-même: l’éternité», a-t-il affirmé, rappelant cette certitude de foi: «Nous ne pouvons pas mourir complètement, car nous sommes connus et aimés de Dieu». D’où la confession chrétienne fondamentale: «Deus caritas est – Dieu est amour».
Chercher le visage de Dieu dès cette vie
Pour Benoît XVI, la vie éternelle ne commence pas seulement après la mort, «alors la vie éternelle est la vie authentique, qui ne commence pas seulement après la mort, mais qui, pour le croyant, commence déjà dans la vie présente». Elle commence déjà ici-bas, dans la communion avec Dieu. Citant la prière de Jésus: «La vie éternelle, c’est qu’ils te connaissent, toi, le seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus-Christ», le cardinal Koch a rappelé que toute l’existence de Joseph Ratzinger fut une quête du visage du Seigneur. «Si la vie éternelle consiste en la communion avec Dieu, il convient de s’y préparer dès notre vie terrestre, comme l’a fait Joseph Ratzinger tout au long de son existence».
«Cherchez toujours son visage», aimait répéter Benoît XVI, convaincu que Dieu «est toujours nouveau» et qu’Il se laisse chercher dans un mouvement «infini de nouvelle découverte et de nouvelle joie».
Le baptême, seuil de la vie éternelle
Enfin, le cardinal Koch a relié cette espérance à la réalité du baptême, qu’il a qualifié de «véritable commencement de la vie éternelle». Dans le baptême, a-t-il expliqué, l’homme ancien meurt pour renaître avec le Christ à une vie nouvelle: «Ce n’est plus moi qui vis, mais le Christ qui vit en moi». Ainsi, la véritable frontière entre la mort et la vie «ne réside pas dans la mort biologique, mais dans le baptême», qui introduit déjà le croyant dans la communion éternelle avec Dieu.
Concluant la célébration, le cardinal Koch a confié Joseph Ratzinger, Benoît XVI à la miséricorde de Dieu, rappelant le cœur du mystère chrétien célébré dans l’Eucharistie: «la vie triomphe de la mort, car bien plus fort que la mort est l’amour éternel de Dieu. Amen».
SOURCE : Moriba Camara, S.J. – Cité du Vatican


















































Laisser un commentaire