Le zèle missionnaire des premiers chrétiens avait une forte dimension eschatologique, ils ressentaient l’urgence de proclamer l’Évangile, rappelle ainsi le Pape. Aujourd’hui encore, il importe de garder à l’esprit cette perspective, « car elle nous aide à évangéliser dans la joie de celui qui sait que « le Seigneur est proche », et dans l’espérance de celui qui est tendu vers le but, lorsque nous serons tous avec le Christ à ses noces dans le royaume de Dieu ». Alors que « le monde propose les “banquets” variés de la consommation, du bien-être égoïste, de l’accumulation, de l’individualisme, poursuit-il, l’Évangile appelle chacun au banquet divin où règnent la joie, le partage, la justice, la fraternité, dans la communion avec Dieu et avec les autres »[1].
Le zèle missionnaire : En son sens large, la mission est une caractéristique fondamentale de l’Église appelée à être signe et instrument du salut de Dieu dans le monde, pour toute l’humanité. Deux tâches incombent ainsi à l’Église et à chaque croyant : rendre témoignage à l’Évangile (évangélisation) et servir les hommes (diaconie).
L’amour qui habite le cœur des hommes les conduit à vivre de zèle dans la vie pour réaliser toute chose avec passion. C’est ainsi que Jésus-Christ notre sauveur a été zélé pour réaliser l’œuvre du Père. Il ne trouvait même pas le temps de prendre un repas[2]. C’est avec cet ardeur et ce zèle sans nul autre pareil que Jésus s’acquitta de la mission qu’il avait reçue de son Père céleste. Il s’y donna entièrement, à tel point qu’il put dire : “Ma nourriture est de faire la volonté de celui qui m’a envoyé et d’achever son œuvre.[3]”. Tout cela est une manifestation de zèle missionnaire que nous connaissons du Maître. Notre modèle pour mieux vivre le zèle missionnaire est le christ lui-même et ses apôtres.
Et pour que cette œuvre parvienne à toute l’humanité, il a choisi douze apôtres et les a envoyés pour proclamer l’évangile partout dans le monde (Mt28, 19-20 ; Mc16,15). Après avoir instruit ses apôtres, Jésus les envoya proclamer le message de l’amour, parler de Dieu à toutes les nations avec la force de l’Esprit Saint le paraclet. Il n’est pas possible d’être zélé pour l’évangile sans la présence de l’Esprit Saint, ce serait de l’activisme pur ! Déjà c’est l’Esprit Saint qui est le promoteur de toute mission, c’est par sa force que nous arrivons à vivre et à témoigner de l’évangile. Les premiers chrétiens à l’école des apôtres sont restés dociles à l’Esprit Saint et se sont laissés envahir par le Saint Esprit pour annoncer et vivre l’évangile.
Par la force et l’action de l’Esprit Saint les premiers chrétiens, ont bien manifesté et vécu l’esprit missionnaire de Jésus. Le récit de leur activité, dans le livre des Actes des Apôtres, montre la preuve qu’un zèle extraordinaire les animait. Actes 13,52 « Quant aux disciples, ils étaient remplis de joie et de l’Esprit Saint. »
Aujourd’hui nous avons encore besoins du zèle missionnaire comme les apôtres et comme les premiers chrétiens pour annoncer la parole de Dieu et faire étendre l’œuvre missionnaire vraiment dans toutes les périphéries de nos quartiers, de nos pays afin de rendre visible l’esprit missionnaire de Jésus. L’apôtre des gentils, st Paul a dû être heureux de pouvoir dire, vers l’an 61, que la “bonne nouvelle” avait été “prêchée dans toute la création qui est sous le ciel”[4].
Sommes-nous capables de répondre avec la même générosité et le courage des premiers chrétiens à l’appel de Dieu qui nous invite à tout laisser pour suivre le Christ ? Le zèle missionnaire nous impose une vie infatigable qui, à son tour, exige de nous le partage, le don de notre vie en évangélisant le monde et en défendant la justice, la fraternité, la solidarité et la paix dans un monde où les valeurs de la vie ne sont plus respectées.
Avec une foi active, tout chrétien est invité à témoigner du zèle missionnaire dont nous parle et nous invite le Saint-Père. Avec ce zèle nous sommes invités au banquet du Seigneur pour témoigner de notre amour et attachement à lui notre unique roi qui nous offre le banquet céleste. Dans la joie et dans la fraternité, participons au banquet du royaume sur la terre dans l’espérance d’y participer un jour auprès du Père céleste.
Comme missionnaire du XXIème siècle, le monde attend beaucoup de nous pour témoigner d’une foi ardente, admirable et généreuse pour montrer notre total adhésion à la mission du Rédempteur. Notre monde actuel a besoin d’une véritable conversion missionnaire, objectif principal que chacun doit fixer en tant qu’individu et en tant que Communauté afin de comprendre que l’action missionnaire est le paradigme de toute tâche de l’Église. Ainsi le zèle missionnaire devient la vie qui conduit le baptisé à vivre et à donner témoignage de son existence pour entrainer ceux qui nous entourent dans l’amour véritable dont le monde a besoin.
« En effet, annoncer l’Évangile, ce n’est pas là pour moi un motif de fierté, c’est une nécessité qui s’impose à moi. Malheur à moi si je n’annonçais pas l’Évangile ! Certes, si je le fais de moi-même, je mérite une récompense. Mais je ne le fais pas de moi-même, c’est une mission qui m’est confiée. » (1 Co9,16-17) Saint Paul par son message réveille en chacun de nous ce zèle qui s’active et nous pousse à devenir les amoureux de l’Evangile, les amoureux de la vie car l’évangile du Christ nous donne vit, nous permet de vivre et d’être connecté à Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu Esprit Saint. C’est-à-dire l’Evangile nous plonge dans la vie trinitaire et nous permet de vivre notre foi.
Le zèle missionnaire des premiers chrétiens comme paradigme de l’urgence de proclamer l’évangile du christ aujourd’hui.
Est-ce vrai que dans les temps modernes, le zèle missionnaire du Christ et de ses disciples avait-il disparu pour toujours ? Non. C’était impossible, car Jésus lui-même avait annoncé que la bonne nouvelle du Royaume serait prêchée par toute la terre habitée, en témoignage pour toutes les nations. En conséquence, le vrai zèle missionnaire devint manifeste une fois de plus. L’accomplissement de l’œuvre missionnaire a toujours été l’œuvre de l’Esprit Saint, pour cela malgré la crise de foi que nous vivons la mission du Christ est toujours de l’actualité.
Aujourd’hui qu’est qui nous manque pour annoncer l’évangile du Christ ?
Combien de messages ne recevons-nous pas et que nous transmettons par le truchement des réseaux sociaux aux autres ? Nous disposons de beaucoup de moyens pour propager le message de l’amour. Nous pouvons mettre à profit ces réseaux sociaux : twitter, WhatsApp, Facebook, Tik-tok vidéo etc. les TIC (Technologies de l’Information et de la Communication) aussi font partir des moyens de communication pour annoncer l’Evangile du christ.
Les grands missionnaires zélés qui sont venus dans notre pays ont vécu plusieurs situations difficiles et malgré cela ils ont été jusqu’au bout de leur mission. De nos jours, les difficultés actuelles ne sont plus des problèmes de langues, de nourriture ou de coutumes mais plus des problèmes de manque de disponibilité à l’accueil de la vérité dans la vie de témoignage d’une vie authentique et évangélique à l’amour du message du salut. Face à cette situation de la mission, nous préférions détourner l’œuvre du Créateur en détruisant la vie humaine depuis la conception (embryons) et nous sommes aussi capables de transformer tout à notre mode de vie sans avoir une conscience pure pour relever les défis actuels.
Nous devons nous rendre conscients de la situation de démographies, la destruction rapide de l’environnement mondial, la consommation excessive, la dépravation et comprendre que la mission est charité, foi et espérance à une vie meilleure. La mission de l’Église est une action en vue de la réalisation du Projet de Dieu dans le monde, dépassant ainsi le paradigme préconciliaire qui faisait de la mission un synonyme d’implantation de l’Église, paradigme fort marqué par le temps de la colonisation, cette action évangélisatrice de l’Église en consonance avec le style de Jésus qui, « envoyé par le Père “pour évangéliser les pauvres”… guérir les cœurs brisés », « a accompli son œuvre rédemptrice dans la pauvreté et la persécution ». L’action missionnaire de l’Église doit contribuer au salut des hommes et au progrès des sociétés par l’humanisation et la libération des structures injustes.
L’Église qui est disciple-missionnaire, a besoin de croître dans son interprétation de la parole révélée et dans sa compréhension de la vérité. La tâche des exégètes et des théologiens aide à « mûrir le jugement de l’Église ». D’une autre façon les autres sciences le font aussi. Se référant aux sciences sociales, par exemple, Jean-Paul II a dit que l’Église prête attention à leurs contributions « pour tirer des indications concrètes qui l’aident à remplir sa mission de Magistère ». En outre, au sein de l’Église, il y a d’innombrables questions autour desquelles on recherche et on réfléchit avec une grande liberté. Les diverses lignes de pensée philosophique, théologique et pastorale, si elles se laissent harmoniser par l’Esprit dans le respect et dans l’amour, peuvent faire croître l’Église, en ce qu’elles aident à mieux expliciter le très riche trésor de la Parole. À ceux qui rêvent une doctrine monolithique défendue par tous sans nuances, cela peut sembler une dispersion imparfaite. Mais la réalité est que cette variété aide à manifester et à mieux développer les divers aspects de la richesse inépuisable de l’Évangile[5]
Soyons aussi des missionnaires zélés de notre temps malgré toute situation que nous vivons. Que Marie la missionnaire par excellence, notre Dame des missions, intercède pour notre zèle missionnaire.
Révérende Sœur Micheline Françoise TOWANOU, OCPSP,
Secrétaire nationale de l’Enfance Missionnaire.
[1] Message du Saint Père pour la Journée Missionnaire Mondiale 2024
[4]Le zèle missionnaire une caractéristique des vrais chrétiens
[5] Evangile de la joie n°40
OPM BÉNIN 