ACTEURS DE LA MISSION DANS L’HISTOIRE ET QUELQUES SECTEURS MISSIONNAIRES

L’expérience de la résurrection du Crucifié et la conscience d’avoir reçupar lui l’Esprit de Dieu ont poussé les disciples du Christ à annoncer la Bonne Nouvelle : en Jésus reconnu comme Messie et Seigneur, Dieu offre une alliance renouvelée, fondée sur son amour gratuit. Tous les hommes sont appelés à devenir son Peuple. Cette Bonne Nouvelle reçue par les hommes et des femmes, juifs et non juifs, les conduit par le baptême à « faire Eglise » où ils se reconnaissent frères et sœurs. Ils sont ensemble le Corps visible du Christ : à travers leur vie renouvelée, leur célébration, leur prédication, ils annoncent le projet de Dieu. C’est là leur Mission à l’égard de tous les peuples. Au cours de l’histoire, qui furent les principaux acteurs de la Mission ?

a– Les communautés de chrétiens : vivant au milieu de leurs compatriotes, les communautés sont attirantes par leur foi, leur règle de vie, leurs solidarités soit locales soit avec les autres Eglises, l’exemple des martyrs. Hors de l’empire romain, on voit le rôle individuel de chrétiens qui provoquent la naissance d’Eglises (Arménie, Ethiopie, Géorgie, populations germaniques, puis en Asie centrale et en Inde du Sud).

b– Les moines : la fondation de monastères (6è-10è siècle, avec Colomban, Boniface et d’autres…) crée des points d’appui de prière, d’entraide qui rayonne sur les environs : le témoignage communautaire et la prédication aux alentours rassemblent des communautés locales (Irlande, Angleterre, Gaule du Nord, Allemagne de l’Ouest) 

c– Les rois : au 10è siècle, lorsque se forment des Etats, l’attrait culturel de l’empire romain, le caractère plus universel du christianisme conduisent des rois à recevoir le baptême et à entraîner leurs peuples (Hongrie, Pologne, Russie, Scandinavie). L’Europe a été ainsi gagnée au christianisme, avec la séparation grandissante entre tradition occidentale (latine) et orientale (grecque et slave)

d– Les « Frères » : aux 13è-14è siècles, à la suite de François et de Dominique, les Frères mineurs et les Frères prêcheurs commencent une mission pérégrinante et pacifique qui les conduit du Caucase en Perse et en Inde et de la Volga jusqu’en Chine, où ils retrouvent d’anciennes communautés ou en font surgir de nouvelles.

e– Les colonisateurs : aux 15è-16è siècles, un essor nouveau est donné aux missions avec la découverte de nouveaux mondes. La Papauté a invité les rois du Portugal et d’Espagne à « patronner » l’évangélisation des peuples, dans les terres qu’ils découvrent : ils sont chargés de préparer, d’envoyer, d’entretenir les missionnaires. C’était leur confier le monopole des missions. Ils prirent leur devoir au sérieux, mais quelle ambiguïté politico-religieuse ?

fRome reprend l’initiative 17è-18è siècles- En fondant un ministère des missions en 1622 (la Congrégation de Propaganda Fide), le Pape veut marquer le caractère supranaturel des Missions, au moment, où s’affaiblit la puissance portugaise en Asie et où s’ouvre le Canada. Il veut promouvoir un clergé autochtone dans les Eglises naissantes (Chine, Vietnam, Inde) et envoie des « vicaires apostoliques ». Les Missions Etrangères de Paris sont fondées dans ce but. Des congrégations féminines œuvrent à l’évangélisation. Malgré la difficile collaboration entre congrégations religieuses et la « querelle des rites », Rome reprend peu à peu son rôle missionnaire. Mais la Révolution française marque un coup d’arrêt.

g– Le mouvement missionnaire : au19è siècle, le monde protestant s’ouvre à la mission à la fin du 18è siècle. Les catholiques renouent du coup avec les efforts précédents et vont aussi évangéliser en Afrique. L’œuvre de la Propagation de la Foi (1822) organise la générosité des catholiques pour soutenir les missions dont les « Annales de la Propagation de la Foi » diffusent les nouvelles. De nombreuses congrégations féminines et masculines sont alors fondées. Ce mouvement missionnaire a précédé l’impérialisme, mais il se retrouve pris dans le partage colonial des territoires et des zones d’influence : la perspective de faire émerger des Eglises autochtones en est sérieusement freinée.

h– Les Eglises locales-20è siècle-Après la Première Guerre mondiale, Benoît XV et Pie XI (1922-1939) luttent contre l’immixtion du nationalisme européen, commencent à ordonner des évêques autochtones et œuvrent pour que les Eglises locales aient un laïcat formé. Des instituts de missiologie réfléchissent sur les enjeux culturels de l’évangélisation et forment les futurs missionnaires, parmi lesquels les laïcs, à l’ethnologie et à l’histoire des religions. Le mouvement œcuménique, né des questions posées par la mission, se répand d’abord en milieu protestant avant de toucher les catholiques et d’être entériné par le concile Vatican II. Tandis que de nombreuses nations accèdent à l’indépendance, celui-ci renouvelle la vision théologique de l’Eglise : la mission est mieux perçue comme la tâche de toute l’Eglise, et les « jeunes Eglises », en cette fin du 20è siècle participent de plus en plus à la solidarité missionnaire. Bruno HUBSCH.

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